Par Suzon
Voila la sentence est tombée aujourd’hui. Mon affaire est classée sans suite.
« Ce n’est pas qu’on ne vous a pas cru, c’est qu’il n’y a pas assez de preuve ».
Bien sur qu’il n’y a pas de preuve. Bien sur qu’il n’y a pas de témoin. Il a bien choisi son jour pour agir. Et mon état de choc, mes larmes n’y changeront rien. Je sais que l’avocate m’a cru, que les gendarmes m’ont cru. Je sais que tout le monde m’a cru. Mais je n’ai pas de preuve. Pas de marque.
Je m’appelle Suzon, j’ai 30 ans, j’ai été agressée. J’ai porté plainte. Et il n’y aura pas de suite.
Pas de suite pour lui. Parce que moi j’ai du changer de vie pour tourner la page. Et autant vous dire que vu la nausée que ressens à l’instant, la page est loin d’être tournée.
La confrontation fut un enfer. Et dieu merci j’avais mon avocate pour faire barrage au flot de mensonge. Parce que j’ai tout entendu. Le Bingo de la femme agressée : la tenue provocante, la provocation, l’inversion des rôles ( comprenez c’est quasiment moi qui l’ai agressé) et bien sur le dépôt de plainte pour l’argent. Et toi tu es là sur ta chaises tu trembles et tu te rappelles que l’avocate a dit « surtout quoi qu’il dise, ne réagissez pas ». Pourtant j’ai voulu crier, hurler, pleurer, peut être même lui coller le crochet de ma vie en pleine face. Pour ne plus l’entendre débiter ses mensonges. L’avocate a tout démonté, point par point, tellement ils étaient grossiers. Mais parole contre parole.
Il n’y aura pas de suite.
Et moi qui suis féministe depuis des années, je prend d’un seul coup toute la réalité dans la gueule. J’ai tout fait dans les clous, je suis allée à la gendarmerie AUSSITOT, accompagnée, dans la tenue dans laquelle j’ai été agressée, j’ai porté plainte, j’ai accepté la confrontation. Et il n’y aura pas de suite.
Il m’a agressé, il a menti sans sourciller.
Et il ne va strictement rien lui arrivé.
Il repart libre, sans la moindre remontrance. Mais quel signal cela lui envoie ?! C’est ok, si tu fais ça, il ne se passe rien de toute façon. Le corps des femmes est à ta disposition.
Pourtant, je comprend le système judiciaire français. On ne peut pas accuser sans preuve. Mieux vaut un coupable en liberté qu’un innocent en prison. Mais au pays des lumières j’ai soudain l’impression d’être dans le noir. Comment, dans ces conditions, pourra-t-on un jour s’en sortir ? Il n’y aura jamais de preuve, jamais de témoin.
Éduquez vos fils, vos frères, vos pères, vos potes
Plus encore que ces sales mains sur mon corps, je suis salie par ses mots, par ses mensonges, contre lesquelles je n’aurais finalement pas pu me défendre. 9 ans de boxe française n’y feront rien. J’ai été trainée dans la boue et insultée par ses propos. Sans pouvoir répliquer. J’ai tenu bon dans l’espoir d’un procès qui me rendrait enfin justice. Aujourd’hui, je sais que ce jour n’arrivera jamais.
Si je me tais, j’implose.